
Epiphénomène au sein du rap marseillais, le groupe Black Marché vise bien plus haut que la simple cité phocéenne. Avec French connection, leur second album, ils sont bien décidés à imposer leur style rentre-dedans et leurs lyrics qui claquent.
Si l'on ne peut pas vraiment dire qu'il existe un rap parisien cohérent, le rap marseillais, lui, possède ses propres caractéristiques. Et sa propre histoire, émaillée de différentes générations de MCs. Il y a eu, pour ne citer que les plus connus et schématiser quelque peu, les ainés d'IAM, puis la Fonky Family et les Psy 4 de la rime. Aujourd'hui, la nouvelle génération est composée de groupes comme La Swija, Lygne 26 ou Black Marché. Ces derniers, à savoir les rappeurs Khalif et Dur 2 Tête, existent depuis 2003. Découvrant le rap avec des crews comme Time Bomb, Section Nique Tout ou le clan d'Ärsenik, les deux MCs restent très attachés aux valeurs premières de la culture hip-hop en France. A quelque chose de moins individualiste, comme à la bonne époque. Directement descendus des quartiers populaires de Marseille, arrivés en mode quartier, les membres de Black Marché ont su bien faire monter leur buzz tout seuls.
Au niveau des productions, Black Marché c'est un street album, Au quart de tour en 2006 avec un morceau, Compte a rebours, qui sonne comme un hymne pour tous les quartiers. Puis, déjà lancés, ils sortent en 2008 la mixtape Fais 13 attention. Avec des titres comme Entre dans le 13 et Fais 13 attention, ils imposent alors leur style, très rentre-dedans, avec des prods aux beats ultra-lourds mais surtout, avec des punch lines plus violentes que ce à quoi le rap marseillais nous avait habitué. A la fois authentique et touchant, Black Marché raconte le quartier, la vie, le trafic, les difficultés, le métissage et tout ce qui constitue le décor pour un jeune de quartier. Le tout appuyé par des instrus assez lourdes comme le prouve le 1er morceau entendu de leur nouvel album, HLM gladiators. On les retrouve alors sur pas mal de compilations comme sur Illegal Radio ou Talents fâchés 3 où ils disent apporter « le côté crasseux de Marseille, le côté ghetto, quartiers nord. Marseille c'est pas que « Plus belle la vie », il n'y a pas que des bons côtés. On trouvait que personne ne ramenait ce côté-là donc on l'a fait.» (http://us.lrd.yahoo.com/SIG=12m7g4t7b/**http%3A//www.rap2france.com/interview-special-rap2france-interview-black-marche.php). Black Marché c'est aussi une efficacité à toute épreuve avec des morceaux ultra fédérateurs et qui font immédiatement bouger toutes les têtes. Leur titre avec Sopra en est un excellent exemple.
Clip French connection feat Soprano
Le duo reste fasciné par un grand banditisme qui a fait les grandes heures de leur ville avec des figures comme Tany Zampa, Francis "le Belge" Vanverberghe, Jean Toci, Roland Cassone, Ahmed Otmane, Farid Berrhama... Le titre de leur album, French connection, en est directement inspiré. Pourtant, si l'on écoute attentivement ce disque, il est sous-tendu par de petites phrases comme « La voie du crime n'est pas une solution, retiens bien, c'est juste un thème. » Si le groupe met un point d'honneur à tempérer ses propos, il signe tout de même des titres assez violents comme Le sud c'est voyou, Transac ou Direct crapuleux feat. Le Rat Luciano, Alonzo et Phar. Sur des productions de Spike Miller, Sadik Asken ou d'eux-mêmes, où les guitares crissent souvent, le groupe enchaine les morceaux sans jamais se répéter. Le constat social décevant de la France reste au cœur de leurs thèmes, comme sur ce très bon La terre a le blues feat. Oxmo Puccino. Mais ils abordent aussi des sujets plus personnels comme sur Le divorce feat. Léa Castel.
Avec ces deux-là, la tradition du bon gros rap marseillais est bien gardée !
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